Rapport Cabanel & Férat sur la prévention, l’identification et l’accompagnement des agriculteurs en situation de détresse

Mercredi 17 mars 2021, les sénateurs Henri CABANEL (RDSE, Hérault) et Françoise FÉRAT (Union centriste, Marne) ont présenté leur rapport sur les agriculteurs en situation de détresse au sein de la commission des affaires économiques présidée par Sophie PRIMAS.

Ce travail sénatorial est le fruit de plus d’une année d’échanges avec des proches de victimes, des agriculteurs en difficultés et des acteurs du monde agricole. Tout au long de leurs travaux, deux questions sont particulièrement revenues comme étant des préoccupations majeures des agriculteurs : la faiblesse du revenu agricole et le sentiment de dénigrement dû à un agribashing lancinant.

Dans le monde agricole, la question du suicide a longtemps fait l’objet d’une omerta. Toutefois, face à l’ampleur du phénomène, la mobilisation de la société civile, au travers d’associations ou d’initiatives individuelles, et progressivement des professionnels du monde agricole (MSA, chambres d’agriculture, organisations professionnelles…), a favorisé une prise de conscience discrète. Des outils de soutiens existent mais ils sont peu connus, inadaptés ou suscitant, pour certains, une relative défiance de la part des exploitants et des salariés agricoles.

Ce rapport souligne que l’État doit enfin mettre en place une politique publique pour répondre aux situations de détresse du monde agricole, et rappelle l’urgence pour les pouvoirs publics d’oser se saisir de la question du suicide en agriculture.

C’est dans cette perspective que les rapporteurs ont proposé 63 recommandations opérationnelles, divisées en 5 axes :

• Mieux connaître et reconnaître le phénomène → il est essentiel de reconnaître l’importance de l’agriculture dans la société française mais aussi de renforcer la connaissance du sujet, notamment en actualisant régulièrement les données statistiques.
• Mieux prévenir la détresse des agriculteurs en renforçant leur mieux être → il faut notamment permettre aux agriculteurs de vivre de leurs productions et améliorer concrètement leurs conditions de travail, en leur permettant de souffler ou de s’arrêter si nécessaire et d’encourager le suivi régulier de leur santé.
• Mieux identifier les agriculteurs en détresse → l’identification doit passer par l’auto-détection, mais aussi en fluidifiant et accélérant les échanges avec les acteurs tels que les caisses de MSA, les sentinelles et les associations dédiées à ce sujet.
• Mieux accompagner les agriculteurs en détresse → il est important d’améliorer la connaissance des aides proposées, mais aussi rendre les procédures de soutien plus humaines et accessibles.
• Mieux accompagner les familles endeuillées → cet accompagnement se traduit sur le plan familial par un soutien psychologique et sur le plan professionnel par la mise en place de formations et la gratuité du service de remplacement.

Il est désormais de la responsabilité du Gouvernement d’agir en mettant en œuvre un vaste plan d’action, annoncé pour le mois d’avril 2021, afin de répondre à la détresse du monde agricole.

Pour plus d’informations :

• http://www.senat.fr/rap/r20-451/r20-4511.pdf (rapport 188 pages)
• http://www.senat.fr/rap/r20-451/r20-451-syn.pdf (synthèse 11 pages)